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Tout homme est utile à l'humanité par cela seul qu'il existe.

Qui suis-je ?

Rien de plus qu'une énième de ces exaltés vivant pour l'Idéal tout en tentant d'influer sur le réel. Comme beaucoup de mes camarades, l'utopisme est le principal défaut que l'on m'impute, tout en m'accablant de prophéties plus pessimistes les unes que les autres quant à mon avenir idéologique : cela fait 25 ans que j'attends de "me ranger" idéologiquement comme l'on me le prédit – ce qui n'est guère qu'un euphémisme pour parler de résignation.

Une conscience politique ne surgit pas de nulle part, et n'est pas plus une opinion préconstruite et recrachée qu'un amas de préjugés savamment organisés. Elle trouve sa racine dans une indignation, plus ou moins féroce, face à tous types d'injustices, et se développe lorsque ce sentiment de révolte se mue en tentative de compréhension du réel – pour mieux le comprendre, et donc, discuter les principes qui le régissent afin de changer les conséquences que l'application de ces principes a sur la société. La conscience politique découle donc d'une construction intellectuelle, morale, établie de manière rationnelle, et n'a rien de la vérité révélée dont les poncifs sont réutilisables à merci par un camp ou l'autre. Cette conscience n'est donc pas figée, puisque vouée à une perpétuelle remise en question, au questionnement de ses propres principes, mais aussi des principes qui gouvernent la société, au-delà de notre individualité propre : ceux qui font les lois.

“J'ai cherché le principe et l'harmonie de nos lois, et je ne dirai point comme Montesquieu, que j'ai trouvé sans cesse de nouvelles raisons d'obéir, mais que j'en ai trouvé pour croire que je n'obéirais qu'à ma vertu”. Cette phrase de Saint-Just peut résumer à elle seule ce qui m'anime : les lois n'étant pas parvenues à établir une société juste, elles sont de toute évidence imparfaites. Et que reste-t-il au citoyen lorsque ce qui doit être la forme suprême de la justice sociale, la loi, universelle et visant à l'intérêt général, n'accomplit pas, ou plus, son rôle ? Sa raison.

Je ne crois pas que l'appât du gain et la compétition forcenée soient les uniques moteurs de la pensée humaine ; l'état d'évolution où nous sommes arrivés, dans les arts, les progrès scientifiques, sont autant de preuves que l'être humain est capable de produire autre chose que de la valeur monétaire, et qu'il le fait, de plus, de manière totalement désintéressée.

Cette vision n'implique en rien un manichéisme de ma part, car je sais fort bien que la nature humaine n'est pas faite que de fraternité et de recherche de l'accomplissement de soi. Mais la représentation de l'humain comme foncièrement mauvais et donc condamné à vivre dans un système du chacun pour soi est aussi une construction sociale, produite par un système dont la fin n'est autre que la recherche du profit abstrait, à court terme, et dont la valeur n'est égale qu'à celle qu'on lui donne. C'est contre cette construction sociale, cette nécrophilie de la pensée, qui ne voit de valeur que dans l'immatériel, que je m'érige.

J'oppose à la nouvelle raison du monde, à la représentation néolibérale du réel, la vision de la société d'une tradition que l'on croyait disparue pendant quelques années. Ce qui a changé ces dernières années, c'est que, lassés de prendre les coups de l'idéologie dominante en baissant la tête, croyant que nous avions perdu pour toujours, nous avons décidé de la relever et de jeter à la face du monde nos idées, nos représentations du monde. La légitimité est là, il suffit de la prendre.

C'est la question de la loi qui occupe souvent mes pensées ; la loi, légitime et appliquée à tous de la même façon, est le fruit du travail du législateur. Elle doit être juste, implacable, et mettre de côté ses passions égoïstes et les préférences personnelles de ceux qui la créent.

Le rôle du législateur est de trouver les grands principes universels et de les appliquer pour atteindre le bonheur commun. Mais quel homme ou femme, seul, peut s'établir législateur ? Quel homme ou femme peut prétendre s'être fait seul, n'être pas le résultat d'interactions humaines, d'une conscience collective ?

L'Histoire a montré que le seul législateur qui vaille, c'est le peuple. Quand la représentativité du pouvoir du peuple n'est plus assurée, le système pourrit sur pied, le pouvoir en place perd sa légitimité, et la corruption maladive ronge ceux envers qui le peuple a été trop bon et à qui il a confié sa parole souveraine.

Quand tout s'effrite, c'est le peuple qui doit trancher. Toute autre personne s'érigeant en mégaphone de la volonté populaire sans connaissance des réalités de ce même peuple n'a pas de légitimité, et c'est donc au peuple qu'il incombe de récupérer sa légitimité. Mais gare à la volonté d'assoupissement dans le confort intellectuel – cette attitude ne conduira un peuple qu'à être opprimé, moqué, tourmenté, sans arrêt jusqu'à ce qu'il se soulève et réclame son dû : sa parole souveraine.

Aux citoyens de faire leur entrée sur la scène de l'Histoire dont on voudrait le tenir écarté ; le peuple seul est légitime dans ses décisions. C'est au nom de ma légitimité de citoyenne que, comme tous, je tente de me construire autour de l'idée de l'intérêt général.

A ceux qui persistent et signent dans leur “réalisme”, qui croient à la croissance infinie dans un monde fini, à la valeur de chiffres sur des bouts de papiers créés à partir de rien, dont le mépris caractéristique pour nos idées d'égalité et de fraternité universelles les vouent à l'échec, je leur dirai qu'il faut se méfier des idéalistes – les rêves fous de bonheur peuvent mouvoir l'être humain au-delà de ses limites et conduire le collectif à de grands mouvements semblables à des marées. Et le jour où elle se met en mouvement, plus rien ne peut l'arrêter.

 

"Ces gueux, pires brigands que ceux des vieilles races,

Rongeant le pauvre peuple avec leurs dents voraces,

Sans pitié, sans merci,

Vils, n'ayant pas de cœur, mais ayant deux visages,

Disent : - Bah ! le poète ! Il est dans les nuages !

Soit. Le tonnerre aussi."

 

Ce blog est une modeste approche d'un bout de chemin vers le buen vivir, vers la sixième république, et un ensemble de réflexions sur l'intérêt général et le bonheur commun. Il évoquera bien sûr des considérations concrètes, parce qu'on ne peut raisonner que sur la base de ce qui est réel. 

La tête dans les nuages et les deux pieds sur une barricade, voilà ma philosophie.

 Ah, et si ce blog vous agrée, et que vous êtes à la recherche de quelque lecture à vous mettre sous un coin de dent,  rendez-vous sur mon ancien blog. Il ne sera plus mis à jour, mais j'ai décidé de le conserver, un peu par nostalgie, un peu parce que tout ce qui y est écrit n'est pas à jeter.

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Tout homme est utile à l'humanité par cela seul qu'il existe.
Tout homme est utile à l'humanité par cela seul qu'il existe.

Silence aux faibles et aux timides ! l'impossible, cette barre de fer rouge, nous y mordrons; l'inconnu, ces ténèbres, nous y plongerons; et nous te conquerrons, idéal ! Vive la révolution future ! (Victor Hugo)
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